Des chauves-souris dans les vignes pour réduire les pesticides ?

[SOURCE : LA REVUE DU VIN DE FRANCE]

Les chauves-souris contribuent à lutter contre le ver de la grappe, papillons ravageurs de la vigne, et pourraient ainsi devenir une option alternative à certains pesticides, a annoncé mardi 27 mars la Ligue pour la protection des animaux (LPO).

Sur 23 parcelles de vignes étudiées en Gironde, l'étude menée par la LPO Aquitaine, Eliomys et l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), montre que "les chauves-souris augmentent leur activité de chasse en présence des ravageurs". Cette observation a été confirmée par des analyses génétiques de leur guano (excréments).

"Ces résultats attestent donc de façon formelle, et pour la première fois, la capacité des chauves-souris à se nourrir d'eudémis et de cochylis", des papillons ravageurs de la vigne qui, en cas d'infestation, "contraignent les viticulteurs à l'emploi d'insecticides", ont indiqué dans un communiqué les trois organismes et le Comité interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) qui a financé cette étude, réalisée de mai à octobre 2017. 

De nombreuses espèces de chauve-souris dans les vignes.

"Ca a été un peu une surprise. Nous avons trouvé 19 des 22 espèces connues en Gironde. On ne s'attendait pas à ce qu'autant d'espèces de chauves-souris fréquentent la vigne, qui n'était pas jusque-là connue pour sa biodiversité. On n'imaginait pas la vigne comme un milieu attractif pour les chauves-souris. Par contre, l'activité dans le vignoble est inférieure à d'autres habitats plus naturels comme les haies", a expliqué à Yohann Charbonnier, chargé de mission scientifique à la LPO Aquitaine.

Maintenant qu'il a été prouvé que les chauves-souris contribuent à lutter contre le ver de la grappe, reste à savoir lors d'une prochaine étude s'il est financièrement avantageux pour les viticulteurs de favoriser l'activité de ces chiroptères. "Est-ce que les chauves-souris mangent assez de ravageurs pour limiter l'utilisation de pesticides ?", s'interroge Yohann Charbonnier.

[SOURCE : LE FIGARO VINS]

Pourquoi les vignerons font-ils appel aux chauves-souris ?

De plus en plus de vignerons installent des nichoirs à chauves-souris dans leur vignoble. Dans quel objectif ? Et comment s’y prennent-ils ?

Par Thierry Masclot

Publié le 11/04/2022

Batman au secours des vignes ? Marvel n’y avait pas pensé. Pourtant, ces dernières années, les chauves-souris sont devenues des alliées très recherchées par les vignerons, qui les attirent en installant des abris dans leur vignoble. 

Quel est le rôle des chauves-souris ? 

Les espèces européennes de chiroptères, cette famille de mammifères qui rassemble 1200 espèces dans le monde, sont de grands prédateurs d'insectes. 36 de ces espèces sont présentes en France. Une chauve-souris est capable de manger en une seule nuit entre 1500 et 3000 insectes, et ne plaisante donc pas quand elle passe à table ! Elle chasse la nuit et se dirige grâce à l'écholocation, émet des ultrasons et capte leur réflexion. Cela lui permet de localiser ses proies, les obstacles, et ses congénères. La nature étant bien faite, la majorité des insectes ravageurs de la vigne volent la nuit. L’analyse de leurs excréments a confirmé que les chiroptères se régalent des tristement célèbres tordeuses de la vigne : eudémis, cochylis et pyrale. En France, trois espèces sont recherchées : la pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) qui mesure seulement 3 à 4 cm et pèse environ 5 grammes, le petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) et la sérotine (Eptesicus serotinus).  

Comment les vignerons peuvent-ils les attirer ? 

Pour les attirer et les faire travailler la nuit, de mars à septembre – car elles hibernent le reste de l’année – les vignerons leur offrent un gîte, où elles peuvent dormir le jour.
William Jonquères D’Oriola du Château de Corneilla, Jonquères D’Oriola vignobles, dans le Roussillon, a récemment couvert 40 hectares avec des nichoirs et l’objectif est de continuer pour couvrir les 95 ha de la propriété.  «Je mets 5 à 10 nichoirs par hectare, explique-t-il. Ces nichoirs font 50 cm de haut, à l’arrière et 30 cm à l’avant, il faut les poser entre 2 et 4 mètres de haut, dos au vent et plutôt à l’ombre». Suite à des études et programmes de déploiement dans les années 2000 et 2010 des milliers de nichoirs sont implantés dans de nombreuses appellations comme Picpoul-de-pinetFaugèresTerrasses-du-larzacPic Saint LoupBordeauxBourgogne…  

Quel coût et quels résultats dans les vignobles ?

Selon William Jonquères D’Oriola, «un nichoir coûte entre 25 et 30 euros, pour une durée de vie de 10 ans, c’est un investissement et un des éléments d’une philosophie : pratiquer une agriculture régénératrice avec des sols vivants». Notons que le guano de chauve-souris est un puissant engrais : il contient de la chitine, composée de débris d’insectes non digérés, présente dans l’exosquelette des insectes, qui est riche en azote. D’ailleurs, c’est bien parce qu’il n’y a plus d’insectes actifs en hiver que les chauves-souris hibernent. Pour le reste, difficile de dire si les chauves-souris, seules, sont une alternative plus écologique et moins coûteuse aux insecticides. Mais cela va dans la bonne direction. D’autant qu’elles peuvent être associées à une seconde équipe de chasse, qui, elle, travaille le jour : celle des mésanges.

Compte rendu et relevé des observations réalisées lors d’une sortie nocturne autour du Château Fontesteau

le 24 septembre 2021

Précédent
Précédent

Un nouveau site web pour mettre en valeur nos savoir-faire de vignerons

Suivant
Suivant

Rendez-vous au Salon des Vins de TOUL (54) du 8 au 10 avril 2022